Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Roman
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Marie-Ève Laplante et Claudia Houle
Date du dépôt : Hiver 2005
1. Présentation de l’œuvre et de la séquence didactique
Nous avons élaboré une séquence didactique autour du roman Les choses de la vie, écrit en 1967 par Paul Guimard. Cet auteur réussit à faire naître un chef-d'œuvre de ce qui a tous les aspects d’un simple fait divers. Un accident devient le point tournant du récit où les regrets et les souvenirs viennent hanter Pierre, le personnage principal. Les élèves seront amenés à réfléchir sur l’imprévisibilité de cet événement. Les sentiments éprouvés par Pierre à l’approche de sa mort toucheront sûrement ces jeunes lecteurs.
Trois principaux problèmes peuvent être rencontrés par les élèves à la lecture du roman de Guimard : les difficultés de compréhension de la scène de l’accident, la temporalité de la narration qui n’est pas la même que celle du récit (un accident de dix secondes est raconté sur de nombreuses pages) et la double narration qui permet l’intériorité complexe du protagoniste. Cette séquence est destinée à des élèves de quatrième secondaire et elle s’échelonne sur une période de deux cycles de neuf jours.
2. Avant la lecture
a. La scène de l’accident
D’abord, l’enseignant demande aux élèves de lire la scène de l’accident à la maison et d’apporter une petite voiture jouet au prochain cours. Lors de ce cours, l’enseignant regroupe les élèves en équipes coopératives de quatre pairs pour qu’ils recréent ensemble la scène de l’accident à l’aide de leurs petites voitures. L’enseignant leur laisse une quinzaine de minutes pour faire cette activité afin qu’ils aient le temps de confronter leurs idées et de vérifier certains passages du livre qui leur semblent moins clairs. Ensuite, l’enseignant demande aux élèves de révéler à tout le groupe les étapes de l’accident qu’ils croient importantes et dont ils ont tenu compte lors de l’activité. L’enseignant les écrit au tableau. Puis, il demande aux élèves de regrouper ces étapes en scènes principales (par exemple avant, pendant et après l’accrochage). Par la suite, chaque équipe doit dessiner un plan par scène présentant les différents éléments essentiels dans ce passage (par exemple : les voitures, les routes, l’arbre, les sillons, etc.) Finalement, ils visionnent la scène de l’accident présentée dans le film Les choses de la vie, puisqu’elle est conforme au roman. Ils peuvent ainsi vérifier les hypothèses émises lors de la création des plans. À la fin de l’activité, les élèves comprendront mieux la scène de l’accident, ce qui facilitera la lecture complète de l’œuvre intégrale.
b. Des pastiches
Afin que les élèves saisissent bien tout ce qu’implique une narration dont le temps est beaucoup plus long que celui de l’action, l’enseignant leur fournit un court texte décrivant également un accident de voiture, mais de façon succincte et détachée. Les élèves le lisent individuellement, puis l’enseignant leur demande de pasticher l’écriture de Guimard et celle du journaliste dans deux textes distincts portant sur un même évènement. Le pastiche « est un exercice susceptible de vérifier ou de consolider les acquis en matière de lecture et d’écriture1 », ce qui justifie le choix de cette activité dans la séquence. L’enseignant peut donner des exemples d’évènements (par exemple : faire un plongeon dans une piscine, découvrir une vieille photographie, ouvrir une lettre, etc.), mais il demeure également ouvert aux propositions. Le pastiche de Guimard doit compter environ 350 mots et la narration doit être faite par le personnage principal. Celui du journaliste doit compter moins de 70 mots et la narration doit être faite par un narrateur omniscient. Cette activité a pour but de permettre aux élèves de saisir les raisons motivant le choix de Paul Guimard quant à la narration et au temps du récit et de mettre à profit leur créativité.
3. Pendant la lecture des différents chapitres (1 cycle)
Puisque cette œuvre contient quelques problèmes indiqués dans l’introduction de cette séquence didactique, il s’avère important que l’enseignant guide les élèves tout au long de leur lecture. Pour ce faire, il détermine, pour chaque chapitre, quelques pistes de réflexion basées sur les problèmes de lecture anticipés. Ces pistes doivent se présenter sous forme de questions et les élèves doivent y réfléchir en groupes coopératifs après la lecture de chacun des chapitres. Ainsi, ils auront l’occasion de discuter avec les autres élèves et de mieux saisir la valeur de l’œuvre. Ils seront mieux outillés pour comprendre et analyser le roman grâce aux pistes données par l’enseignant. Dans le premier chapitre (p.13-34), la principale difficulté concerne l’intériorité du narrateur, qui est en fait le personnage principal. Pour le deuxième chapitre (p.35-82), ce sont le changement de narrateur et le temps de la narration qui sont les deux principales difficultés. Les questions des chapitres suivants concernent la double narration et l’intériorité du personnage principal. En effet, elles représentent une difficulté pour les élèves, car le protagoniste s’exprime parfois en utilisant l’ironie. De plus, les sentiments de ce dernier et les perceptions des autres personnages ne sont pas toujours explicites dans le texte. Toutes ces questions portant sur chacun des chapitres permettent aux élèves de résoudre de façon progressive les problèmes de lecture ciblés par l’enseignant. Ces questions ont aussi pour but de permettre aux élèves de mieux comprendre le roman dans son ensemble et les particularités qui rendent ce livre intéressant. Une meilleure compréhension entraîne inévitablement une appréciation plus grande du roman et donne davantage le goût de s’adonner à la lecture.
4. Après la lecture (3 périodes)
a. La lettre
Après la lecture de l'ensemble du roman par les élèves, l’enseignant tente de savoir si les élèves ont bien compris le dénouement et la place donnée au regret dans le récit. Il demande aux élèves de se placer en équipes coopératives. Les élèves doivent réfléchir et discuter sur la place qu’occupe la lettre écrite à Hélène par Pierre dans le roman de Paul Guimard. L’enseignant propose plusieurs pistes de réflexion qui favorisent la discussion. Ces nombreuses questions permettent aux élèves de réfléchir sur le dénouement de l’œuvre de Guimard. De plus, elles leur permettent de discuter de l’effet que ce livre a produit sur eux, des émotions qu’il a fait naître. Par cette discussion, les élèves analysent la psychologie du personnage de Pierre et la place que la lettre occupe dans ses remords. Ils comprendront que le regret a une place primordiale dans ce roman et que la lettre a permis à Pierre d’avoir un regard réflexif sur sa vie.
b. Activité d’écriture au choix
La dernière activité de cette séquence permet un réinvestissement des apprentissages effectués lors des activités précédentes. L’enseignant propose aux élèves de choisir entre deux activités d’écriture qui leur donnent la chance de se servir de leur créativité et de leurs connaissances acquises lors de la séquence.
• Récit dramatique
La première activité proposée aux élèves repose sur une reproduction des sentiments et des émotions véhiculées dans le roman. Les élèves sont invités à écrire une courte scène dramatique remplie de sentiments semblables à ceux qui sont présents dans le récit de Guimard (par exemple : regrets, désespoir, empathie…). Dans cette activité, les élèves doivent maîtriser la narration au « je » et la subtilité de l’expression des émotions. Ils doivent aussi utiliser leur imagination pour trouver la nature de ces remords. En travaillant l’intériorité du personnage principal qu’ils ont créé, ils comprennent mieux le choix de l’auteur de privilégier souvent le narrateur personnage.
• Réécriture de la lettre
La seconde activité d’écriture que l’enseignant propose aux élèves exige une très grande compréhension du roman Les choses de la vie. En effet, l’enseignant demande aux élèves de modifier la lettre écrite à Hélène (p.94-96) pour qu’elle corresponde aux dernières volontés de Pierre. En écrivant cette lettre, les élèves doivent donc avoir compris la place importante qu’occupe cet objet dans le roman. Aussi, par cette activité, l’enseignant vérifie leur compréhension des raisons qui motivent le regret de Pierre à l’égard de cette lettre. Les élèves doivent faire preuve d’émotivité et d’imagination. Ils doivent aussi porter attention au style de l’auteur de la lettre pour qu’ils puissent imiter son écriture.
5. Conclusion
Cette séquence didactique tente de permettre aux jeunes lecteurs de se frayer un chemin dans l’univers littéraire créé par Guimard grâce à la résolution des problèmes de lecture propres à ce texte intégral. Les différentes activités présentées dans cette séquence mettent à profit les apprentissages des élèves tout en développant chez ces derniers des stratégies de lecture et d’écriture.
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1 André Petitjean, (1984), « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », Pratiques, no 42, p. 3-33.