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Dom Juan

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Dom Juan
MOLIÈRE
Par Natasha Belleau, Daniel Gagné


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Théâtre
Courant : Classicisme
Siècle : 17e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Natasha Belleau, Daniel Gagné
Date du dépôt : Hiver 2015


 Introduction

            Cette séquence didactique est axée sur l’étude de la comédie Dom Juan, de Molière, monument de la littérature française et grande ambassadrice du classicisme français du XVIIe siècle. L’intrigue de la pièce est bâtie autour du personnage principal, un bourgeois trousseur de jupons, mécréant et trompeur dont la mort, au dénouement des cinq actes, permet de rétablir l’ordre social. La mort du héros transgresseur respecte ainsi le but du théâtre classique qui est de « corriger les hommes en les divertissant[1] » et d’« attaquer par des peintures ridicules les vices [du] siècle[2] ». La séquence prend place lors du dernier segment d’une session du premier cours de la formation générale en français, Écriture et littérature. Nous présentons ici la planification de notre séquence didactique. D’abord, il s’agit de présenter les raisons qui justifient le choix de cette œuvre plutôt qu’une autre, avant de présenter les problématiques qui nous paraissent les plus intéressantes pour les cégépiens dans une perspective didactique. Ensuite, nous présentons notre séquence sous la forme d’un tableau synoptique en justifiant les savoirs enseignés et les activités proposées selon l’approche analytique et la progression des apprentissages. Enfin, la planification de notre séquence se clôt sur une présentation justifiée des modalités d’évaluation.

1. Justification du choix de l’œuvre

            Le choix de la pièce Dom Juan de Molière fut motivé à la fois par notre souci d’enseigner une œuvre classique aux jeunes étudiants et par le plan-cadre du département de littérature du Cégep de Lévis-Lauzon. En effet, une des œuvres à l’étude dans le cours Écriture et littérature doit être d’expression française et appartenir à une époque précédant le XIXe siècle. Bien que la langue classique de Molière constitue un défi de lecture non négligeable pour des étudiants inscrits au premier cours de littérature, nous considérons que ses grands thèmes et son personnage éponyme, devenu un mythe littéraire de la culture occidentale, en font une œuvre incontournable dans l’acquisition d’une culture littéraire. En outre, Molière s’est imposé par la valeur de l’héritage culturel qu’il a légué à la langue française et au genre théâtral. Comme le souligne d’ailleurs le didacticien Claude Simard, « il s’agit ici de les [les jeunes] initier au ‘‘patrimoine littéraire’’ en leur proposant de lire des œuvres considérées comme marquantes[3]. » Dom Juan représente à la fois le succès le plus retentissant de Molière et le seul dont le nom trouve un quelconque écho dans ces jeunes esprits fraîchement diplômés de l’école secondaire. Il nous est donc apparu judicieux de faire culminer la session avec l’étude de cette œuvre dont la portée critique envers les vices humains nous semble conforme à l’une des visées du programme de formation générale, soit « favoriser chez l’étudiant sa participation en tant que citoyen responsable dans la société[4] ». De plus, comme Dom Juan constitue une œuvre représentative du classicisme et du courant de pensée du XVIIe siècle en France, l’étudiant sera à même d’y apprécier des « formes de représentation du monde attachées à des œuvres et à des époques variées[5] ».

2. Analyse de l’œuvre dans une perspective didactique

            L’approche thématique a été privilégiée pour cette séquence didactique, puisque nous évaluons que celle-ci cadre le mieux avec les principaux problèmes de compréhension et d’interprétation auxquels les étudiants seront confrontés, soit les thèmes de l’hypocrisie et du libertinage, le registre comique, le vocabulaire moliéresque et le contexte sociohistorique de l’époque. Nous considérons en outre que l’intérêt d’étudier Dom Juan réside davantage dans sa problématisation des rapports humains que dans sa forme théâtrale particulière, d’autant plus que les caractéristiques du théâtre auront déjà été assimilées avec l’étude des Muses Orphelines plus tôt dans la session. L’hypocrisie et le libertinage ont été choisis comme thèmes centraux à aborder, au détriment des registres de la satire et de l’ironie, puisque nous devons déterminer les possibilités didactiques en fonction de leur potentiel de compréhension chez les étudiants et de la contrainte du temps. Il s’agissait d’une décision déchirante qui a été motivée par notre préoccupation d’offrir une question d’analyse pour l’évaluation finale qui s’applique à deux extraits précis et représentatifs des enjeux de l’œuvre. Nous croyons que l’hypocrisie est un concept déjà connu des étudiants, bien que sa mise en forme dans une œuvre esthétique demeure (selon notre hypothèse) passablement hermétique à leur compréhension. Il s’agit d’un thème omniprésent dans l’œuvre de Molière, mais dont le traitement formel est susceptible d’offrir de multiples ancrages d’analyse. Le thème du libertinage est incontournable, puisque la mise en contexte sociohistorique de l’œuvre, au début de la séquence, nourrit sa compréhension. En plus, ce thème constitue un concept clé afin de décoder les rouages comiques de Molière et le regard critique qu’il pose sur la société de son temps. Quant au registre comique, il a été mis à l’étude dans l’optique où non seulement celui-ci est inévitable lorsqu’on aborde Molière, mais également dans l’intention de réinvestir cette notion dans l’analyse littéraire finale. Il convient donc que les étudiants soient en mesure d’en maîtriser l’interprétation afin d’en alimenter leur analyse finale. D’autre part, l’approche sociohistorique demeure nécessaire, puisque la mise en contexte de l’époque apporte un éclairage indispensable à la compréhension des personnages, des références sociales de l’époque et par conséquent, du registre comique employé par Molière. En outre, il faut replacer l’œuvre dans son contexte si l’on veut rendre le libertinage accessible aux étudiants. Qui plus est, il nous apparaissait édifiant de présenter les diverses manifestations du mythe littéraire de Dom Juan afin que les étudiants prennent la mesure de la dimension qu’occupe ce mythe dans l’imaginaire collectif et son influence artistique dans la modernité. Enfin, le vocabulaire truculent de Molière constituera à n’en pas douter un obstacle de compréhension non négligeable. Cette contrainte sera cependant allégée par le fait qu’à la fin de la session, les étudiants auront déjà plus que convenablement exercé leurs compétences de lecture, ayant eu auparavant à parcourir quatre œuvres brèves au langage passablement soutenu. Enfin, l’activité de révision d’un texte écrit par le biais d’une grille d’évaluation effectuée en début de session sera réinvestie en vue de la rédaction de l’analyse finale. Cette activité regroupe les trois facteurs qui rendent possible la distanciation nécessaire à une révision efficace : le temps (la seconde partie de la dernière séance), l’intervention d’un tiers et la compréhension de la tâche (une grille d’évaluation)[6].

            Sur le plan de la production de discours, les étudiants auront l’opportunité d’expérimenter de nouvelles formes d’expression écrite et orale dans une perspective cumulative, mais ils auront également la possibilité de réactualiser certaines pratiques d'écriture déjà effectuées plus tôt dans la session, selon une perspective spiralaire. À cet égard, il peut sembler surprenant qu’une séance soit prévue pour l’écriture d’une strophe poétique et sa récitation. Ce choix n’a pourtant rien d’anodin, puisqu’il est guidé par la préoccupation d’intégrer un thème clé de la séquence, soit l’hypocrisie, en le transférant en pratique active. Ainsi, comme l’évoque la didacticienne Isabelle Duval,     

[a]vec l'écriture d'invention, ‘‘les élèves sont amenés, par une manipulation quasi expérimentale qui engage un faire, à voir comment fonctionne le texte avant de devoir repérer, nommer, articuler les phénomènes, voire les expliquer ou les justifier dans un dire’’. Ainsi, les pratiques créatrices s'articulent aux objectifs de compréhension et d'interprétation des textes littéraires à l'étude[7]

Il s’agissait en fait de récupérer une forme d’écriture déjà expérimentée plus tôt dans la session par les étudiants, peu exigeante en termes de temps, qui nous donnerait l’opportunité de consolider leur maîtrise des figures de style tout en leur donnant l’opportunité de pratiquer le discours oral. Dans cette intention, nous avons prévu une séance de récitation des poèmes produits, précédée par une séance consacrée à la mise en voix. Une autre activité d’appropriation du thème de l’hypocrisie prend la forme d’une composition d’article d’anthologie. C'est une manière de cheviller les notions du contexte sociohistorique au thème de l’hypocrisie dans la littérature du XVIIe siècle tout en cristallisant leur vision du paysage littéraire de l’époque, lequel aura été succinctement étayé par la lecture d’extraits significatifs du Tartuffe de Molière et du Roman Comique de Scarron. Cette conception du traitement de l’hypocrisie dans les œuvres littéraires comiques sera mise à profit dans la rédaction du plan de l’analyse finale. L’évaluation mobilisera les divers savoirs vus au cours de la séquence, soit le libertinage, l’hypocrisie, le registre comique et le contexte sociohistorique du XVIIe siècle en France, tout en intégrant leurs connaissances des principales figures de style acquises lors de la séquence précédente. Cette évaluation permettre également aux étudiants de développer leurs compétences de structure d’un texte argumentatif, d’interprétation, d’argumentation et de cohérence textuelle, de même que leurs compétences de rédaction de la langue écrite. Comme cette dernière composante essentielle de la maîtrise de la langue exige chez la majorité des étudiants une mise à jour des connaissances déjà acquises et le développement de celles qui ne le sont pas encore, un questionnaire Web sur les règles grammaticales d’accord (groupe verbal et groupe nominal) et de conjugaison sera soumis aux étudiants en début de séquence, suivi de capsules grammaticales adaptées aux carences et aux problèmes que ce test aura permis d’identifier.

3. Présentation synthétique du déroulement de la séquence

Séance 1

 

Objectifs spécifiques

-          Portrait de l’auteur. Découvrir un classique du théâtre français. Molière demeure l’auteur de comédies de littérature française le plus lu et le plus joué depuis le XVIIe siècle.

-          Analyser le mythe du Dom Juan.

Activités

Lecture

-          Portrait de l’auteur. Exposé magistral appuyé par des extraits du film Molière, de Laurent Tirard (30 min.).

-          Comités d’analyse du mythe de Don Juan. Chaque équipe analyse les extraits de textes et de films choisis par l’enseignant et dégage les principales caractéristiques des différentes figures du personnage. Les différents portraits sont brossés à partir d’extraits de textes et d’un film. Le Dom Juan de Molière (séducteur, hypocrite, plaisir égoïste), le Dom Juan du romantisme (séducteur, amoureux, idéaliste, recherche de l’idéal féminin), le film Don Jon de Gordon-Levitt (fantasme d’un idéal amoureux), le Dom Juan d’Éric-Emmanuel Schmitt (mature, se questionne sur lui-même, amoureux d’un homme) (70 min.).

Écriture

-          Compte rendu des discussions

Travail préparatoire

-          Lecture de l’œuvre Dom Juan de Molière.

Évaluation

-          Aucune.

Séance 2

 

Objectifs spécifiques

-          Définir la notion d’hypocrisie.

-          Actualiser le thème de l’hypocrisie avec l’écriture d’invention.

Activités

Lecture

-          Questionnaire sur les règles grammaticales d’accord (groupe verbal et groupe nominal) et de conjugaison. Utilisation de l’application Socrative : les étudiants répondent aux questions à l’aide de leur téléphone mobile. L’enseignant prépare des capsules grammaticales selon les erreurs les plus fréquentes qu’il publie sur l’intranet du cégep (15 min.).

-          En équipe, les étudiants proposent une définition de l’hypocrisie à partir d’exemples de relations entre des personnages dans des films, des séries télévisées, des œuvres littéraires, des chansons, etc. (approche culturelle). Retour en plénière (20 min.).

Écriture

-          Consignes pour rédiger un poème d’une strophe dans lequel l’étudiant fait ressortir le thème de l’hypocrisie. L’évaluation formative est commencée en classe et complétée à la maison. Remise au prochain cours (35 min.).

Oral

-          Activité de modelage. Enseigner la mise en voix. (30 min.).

Travail préparatoire

-          Aucun.

Évaluation

-          Évaluation formative. Écriture d’un poème d’une strophe sur le thème de l’hypocrisie.

Séance 3

 

Objectifs spécifiques

-          Lire à voix haute pour développer la fluidité de la lecture.

Activités

Lecture

-          Aucune.

Écriture

-          Aucune.

 

Oral

-          Récitation du poème par l’étudiant (premier groupe). La classe identifie les éléments du poème associés à l’hypocrisie (100 min.).

Travail préparatoire

-          Terminer le poème et pratiquer la lecture à haute voix.

Évaluation

-          L’enseignant évalue le traitement du thème dans le poème et la lecture à partir de critères d’évaluation.

Séance 4

 

Objectifs spécifiques

-          Reconnaitre le traitement du thème de l’hypocrisie et le registre de l’ironie.

-          Relever les principales manifestations thématiques et stylistiques liées à l’hypocrisie.

-          Relever les éléments du registre comique.

Activités

Lecture

-          Activité de modelage. Analyser les manifestations thématiques de l’hypocrisie dans les extraits de Dom Juan choisis par l’enseignant (20 min.).

-          En équipe, les étudiants analysent des scènes de Dom Juan choisies par l’enseignant et identifient les passages liés au thème de l’hypocrisie et les procédés comiques liés. Retour en plénière (30 min.).

Écriture

-          Écriture en équipes d’un article d’anthologie de littérature sur le thème de l’hypocrisie. La classe est divisée en équipes de quatre étudiants. Lecture d’un extrait de Tartuffe de Molière et d’un extrait significatif du Roman comique de Scarron. Les étudiants dégagent les principales idées des textes et trouvent les citations qui illustrent le mieux le thème de l’hypocrisie (50 min.).

Travail préparatoire

-          Aucun.

Évaluation

-          Aucune.

Séance 5

 

Objectifs spécifiques

-          Relever les principales manifestations thématiques et stylistiques liées à l’hypocrisie.

-          Formuler les éléments importants du propos du texte.

-          Situer l’œuvre dans son contexte culturel et sociohistorique (la religion, les dévots et le libertinage).

 

Activités

Lecture

-          Retour en plénière sur les anthologies. Chaque équipe présente son article. Les autres étudiants évaluent les articles à partir des critères (60 min.).

-          Portrait du contexte socioculturel de l’époque de Molière (la religion, les dévots et le libertinage). À partir des extraits du film Molière de Laurent Tirard choisis par l’enseignant, les étudiants regroupés en équipe identifient les manifestations du libertinage amoureux et religieux, l’influence de la religion et des dévots. L’enseignant complète les observations des étudiants par des précisions sur le contexte culturel et social de l’époque (40 min.).

Écriture

-          Prise de notes.

Travail préparatoire

 

Évaluation

-          Évaluation formative par les pairs.

Séance 6

 

Objectifs spécifiques

-          Situer l’œuvre dans son contexte culturel et sociohistorique (la religion, les dévots et le libertinage).

-          Relever des éléments thématiques sur le libertinage (le champ lexical).

Activités

Lecture

-          Activité de modelage pour présenter le thème du libertinage. Lecture des scènes 1 et 2 de l’acte III et identification du champ lexical lié au libertinage (50 min.).

Écriture

-          Aucune.

Langue

-          Retour sur les capsules grammaticales (séance 2).

-          Présentation d’une méthode de correction. L’enseignant distribue et explique la grille de correction (texte et langue) en vue de l’analyse littéraire finale (50 min.).

Travail préparatoire

-          L’enseignant donne la question et les consignes de l’analyse littéraire.

-          Les étudiants relisent les extraits et identifient des éléments d’analyse pertinents.

Évaluation

-          Aucune.

Séance 7

 

Objectifs spécifiques

-          Choisir des éléments d’analyse pertinents en lien avec les thèmes analysés (hypocrisie et libertinage).

-          Choisir des idées principales et des idées secondaires pertinentes en lien avec la question de l’analyse littéraire.

-          Organiser les idées de façon cohérente.

-          Choix d’un sujet amené pertinent en lien avec le sujet posé.

Activités

Lecture

-          Aucune.

Écriture

-          Expliquer les consignes et les critères d’évaluation. Répondre aux questions des étudiants (30 min.).

-          Rédaction du plan de l’analyse littéraire : l’étudiant devra intégrer les caractéristiques de deux des grands thèmes analysés durant la séquence (le libertinage et l’hypocrisie) (70 min.).

Travail préparatoire

 

Évaluation

-          Analyse littéraire. Évaluation sommative finale.

Séance 8

 

Objectif spécifique

-          Valider la compréhension de la question d’analyse par les étudiants.

Activité

Lecture

-          Aucune.

Écriture

-          Révision par l’enseignant des plans en rencontres individuelles. L’enseignant devra prévoir des heures de disponibilité en dehors du cours afin de pouvoir rencontrer tous les étudiants.

Travail préparatoire

 

Évaluations

-          Analyse littéraire. Évaluation sommative finale.

Séances 9 et 10

 

Objectif spécifique

-          Rédiger une analyse littéraire en respectant les consignes et le sujet.

Activité

Lecture

-          Aucune.

Écriture

-          Rédaction de l’analyse littéraire de 700 mots sur Dom Juan à partir du plan d’analyse rédigé précédemment.

Langue

-          Utiliser la méthode de correction remise à la séquence 1 pour réviser et corriger le texte.

Travail préparatoire

-          Aucun.

Évaluation

-          Analyse littéraire. Évaluation sommative finale.

 

4. Justification de la progression générale de la séquence didactique

            L’introduction au théâtre classique à travers l’analyse de Dom Juan de Molière forme la quatrième séquence didactique de la session qui s’inscrit dans le cours Écriture et littérature. Déjà, lors de la deuxième séquence, les étudiants ont été initiés au genre dramatique par l’étude des Muses orphelines de Michel-Marc Bouchard, dont la compréhension est facilitée par l’emploi d’un langage familier et l’inscription de l’intrigue dans le Québec de la Révolution tranquille. Les difficultés langagières, culturelles et historiques inhérentes à la lecture de Dom Juan expliquent notre décision de situer son étude à la dernière étape de la progression des apprentissages, après l’étude d’une œuvre dramatique plus accessible. L’objectif principal de notre séquence didactique est la compréhension et l’étude de l’œuvre dans le but d’amener les étudiants à rédiger une analyse littéraire, un des éléments de la compétence du cours Écriture et littérature. Ce travail individuel constitue l’évaluation sommative synthèse dans laquelle l’étudiant mettra à profit les compétences d’analyse et de rédaction qu’il aura acquises durant la session. Il est convenu de consacrer quatre séances à la composition du plan de l’analyse littéraire et à la rédaction de celle-ci afin que les étudiants profitent d’un maximum de temps pour effectuer cette évaluation finale. Le souci d’imposer cette formule est motivé par la nécessité de préparer graduellement l’étudiant aux conditions de l’Épreuve uniforme de français, en plus de permettre à l’enseignant de valider les compétences d’analyse et de rédaction des étudiants ainsi que leur compréhension de l’œuvre par la vérification des plans de rédaction.

            La cohérence et l’organisation de notre séquence didactique relèvent essentiellement de l’approche thématique, de façon à développer chez les étudiants des compétences de lecteur expert qui favorisent l’atteinte des standards de performance liés au repérage des thèmes et des procédés stylistiques, et ce, en fonction de la question d’analyse littéraire[8]. Notre étude de Dom Juan se concentre essentiellement sur deux thèmes centraux, à savoir l’hypocrisie et le libertinage. Quant à la progression des apprentissages, elle est cumulative et répond à une logique de complexification des savoirs enseignés, puisque l’analyse du thème de l’hypocrisie précède celui du libertinage, plus difficile à comprendre pour les étudiants étant donné son inscription dans le contexte culturel et sociohistorique de Molière. La présentation d’extraits significatifs du film Molière de Laurent Tirard en début de séquence vise ainsi à lier le contexte socioculturel de l’œuvre aux principaux thèmes retenus pour l’analyse, en plus de brosser le portrait de l’auteur de comédies de littérature française le plus lu et le plus joué depuis le XVIIe siècle. Étant donné que la pièce Dom Juan de Molière a élevé le personnage du Don Juan au rang des mythes littéraires de la culture occidentale, son enseignement répond à un souci non seulement de faire connaitre un chef-d’œuvre du grand dramaturge, mais aussi d’introduire les étudiants à l’évolution d’une figure mythique dont les répercussions se perçoivent dans les adaptations contemporaines des domaines littéraire et cinématographique, notamment avec le film Don Jon de Joseph Gordon-Levitt connu de plusieurs étudiants. Selon le philosophe et sociologue Fernand Dumont (1968)[9], tout sujet est culturel au sens où il dispose d’une culture première. Ainsi, nos étudiants développent des rapports à la culture de masse, en l’occurrence le film Don Jon, et notre rôle est de les accompagner vers l’acquisition d’une culture seconde, à savoir le mythe littéraire de Don Juan. Des comités d’analyse sont formés afin de dégager les principales caractéristiques des différentes figures du mythe donjuanesque, à partir des extraits de textes et de films choisis par l’enseignant. La discussion entre les étudiants génère habituellement une production d’interprétations pertinentes plus élevée que dans le cas d’une activité réalisée individuellement ou sous la forme d’un exposé magistral[10].

            Sur le plan de l’analyse thématique du Dom Juan de Molière, le thème de l’hypocrisie est introduit à la deuxième séance. Dans un premier temps, les étudiants proposent leur définition de l’hypocrisie à partir d’exemples de relations entre des personnages de films, de séries télévisées ou d’œuvres littéraires propres à leur culture première. Par la suite, le thème de l’hypocrisie est actualisé à travers l’écriture d’invention, de façon à prendre en considération l’implication subjective de l’étudiant. Plutôt que de retenir l’approche formelle de l’analyse littéraire, nous optons pour la production d’un « hypertexte fictionnel[11] » qui favorise un rapprochement entre la lecture subjective et la lecture analytique de l’œuvre, abordée à la quatrième séance. De cette façon, l’étudiant s’approprie la définition de l’hypocrisie en intégrant le thème à l’écriture d’un poème d’une strophe, sans être encadré et dirigé par un questionnement construit par l’enseignant. En plus, il réinvestit les savoirs liés au genre poétique enseignés à la troisième séquence de la session, laquelle porte sur les Fleurs du mal de Charles Baudelaire. L’écriture du poème sera suivie de sa récitation à la troisième séance, de manière à développer chez les étudiants la fluidité de la lecture à haute voix. Dans ce but, la diction (prononciation, articulation, timbre et portée de la voix) et les faits prosodiques (accentuation, rythme, pauses, débit, volume et intonation) seront enseignés en vue de la mise en voix du poème[12]. Par la technique du modelage, l’enseignant incarne un orateur expert et souligne les caractéristiques de sa diction et des faits prosodiques en fonction du poème lu à haute voix. Dans le cadre de la quatrième séance, une autre activité de modelage est mise en place pour prolonger l’analyse des manifestations thématiques de l’hypocrisie selon le registre de l’ironie. L’objectif spécifique de ce cours est d’amener les étudiants à reconnaitre le traitement du thème de l’hypocrisie et le registre de l’ironie non seulement dans l’œuvre à l’étude, mais aussi dans des extraits significatifs du Tartuffe de Molière et du Roman comique de Scarron. Pour ce faire, les étudiants rédigent une page d’anthologie autour de ces deux extraits[13]. La classe est séparée en deux groupes, eux-mêmes divisés en équipes, et chacun des groupes travaille sur un des deux textes étudiés. Les étudiants ressortent les principales idées des textes et trouvent les éléments du texte qui illustrent le mieux les propos des auteurs, le registre ironique et le thème de l’hypocrisie. L’analyse de ce réseau de textes, combinée à l’écriture du poème, multiplie ainsi les modalités de compréhension de ce thème et laisse à l’étudiant la liberté de constituer sa propre conception.

            Aux cinquième et sixième séances, l’analyse de Dom Juan, toujours selon une approche thématique, se complexifie avec l’analyse du libertinage amoureux et religieux du personnage principal. Dom Juan ne cesse de provoquer le Ciel, de bafouer les liens sacrés du mariage en multipliant les conquêtes et de renier le code d’honneur de la noblesse à laquelle il appartient. Après tant de remontrances et d’avertissements, le dénouement tragique semble tout indiqué pour punir cet incrédule inflexible. Les cinq actes permettent de cerner le portrait moral du héros, et l’enchaînement des scènes conduit au dénouement tragique, mais logique selon les normes de l’époque. Cependant, la mort de Dom Juan précipité dans les feux de l’enfer n’apparait pas comme la conclusion inévitable d’une vie immorale pour les étudiants qui ignorent les normes sociales de l’époque. Il importe donc de brosser le portrait du XVIIe siècle et de ses courants de pensée : les libertins, la religion (les dévots) et principalement le théâtre classique, dont le but est d’instruire, de corriger les mœurs et de plaire. Par la suite, une seconde activité de modelage est proposée afin d’identifier les éléments du texte liés au thème du libertinage. La séquence se clôt par la révision d’une grille de correction (texte et langue) déjà utilisée dans le cadre de l’écriture d’une nouvelle, à la première séquence. À cette occasion, les étudiants se sont regroupés en équipe de deux pour réviser le texte de leur collègue. Pour la dernière analyse littéraire, la révision et la correction de leur texte se feront de façon individuelle afin de développer l’autonomie des étudiants. En effet, l’objectif derrière l’enseignement d’une méthode de correction est d’accompagner les étudiants dans l’acquisition de stratégies de révision efficaces.

 

5. Présentation et justification des modalités d’évaluation et des outils d’évaluation élaborés

             Il convenait de resserrer l’analyse autour de deux extraits représentatifs de l’ensemble de ces éléments afin que l’étudiant dispose d’un cadre relativement sécurisant pour élaborer son plan de dissertation de manière autonome et dans le temps qui lui est imparti. L’énoncé d’analyse est le suivant : « Montrez l’hypocrisie de Dom Juan à travers son libertinage amoureux (scène 2, acte I) et religieux (scènes 1 et 2, acte V) ». Il s’agissait de formuler un énoncé permettant à l’étudiant de diviser son plan en deux idées principales, soit le libertinage amoureux et le libertinage religieux, et de rendre plus aisé le repérage des éléments à analyser.

            Notre grille de correction combine échelle uniforme et échelle descriptive, de manière à encadrer la subjectivité du correcteur et de façon à ce que le résultat attribué pour chaque critère soit le plus représentatif possible de l’accomplissement de l’étudiant. Elle est divisée en trois axes : le premier, « Compréhension et qualité de l’argumentation », comme son nom l’indique, est destiné à mesurer la capacité de l’étudiant à mobiliser les ressources[14] « compréhension » et « connaissance » et sa compétence « repérer et classer des thèmes et des procédés stylistiques[15] », puisque celui-ci devra démontrer sa compréhension des différents thèmes et des particularités formelles de l’œuvre de manière à mettre en lumière les rapports qui les unissent. Ce critère sert en outre à mesurer la compétence de l’étudiant à « choisir les éléments d’analyse[16] », et donc sa capacité à mobiliser la ressource « évaluer », puisque l’étudiant évalue quelles idées seraient les plus appropriées pour traiter le sujet qui lui est imposé par le biais d’une argumentation appuyée par des extraits justificatifs tirés du texte. En outre, il devra démontrer qu’il sait évaluer à quelles connaissances littéraires il devra faire appel pour justifier son argumentation. Le deuxième axe, « Structure du texte », vise à mesurer la compétence de l’étudiant à « rédiger une analyse littéraire[17] ». Il servira dans une même optique à évaluer la capacité de l’étudiant à mobiliser les ressources « synthèse » et « application », puisque celui-ci devra démontrer qu’il sait synthétiser ses savoirs relatifs à la rédaction d’un texte argumentatif et peut les appliquer de manière à rendre compte d’un travail cohérent et structuré. Enfin, la section « Maîtrise de la langue » est destinée à évaluer la compétence de l’étudiant à « réviser et corriger le texte[18] », donc à repérer les erreurs de cohérence (structure du texte) et de grammaire (langue). Elle mesure également les ressources « évaluer » et « application », car l’étudiant devra évaluer la qualité de son texte pendant la phase de révision et évaluer les stratégies ad hoc à mettre en œuvre pour rectifier les erreurs identifiées. Il devra en outre appliquer des stratégies de révision et de correction efficaces.

Conclusion

            En conclusion, notre séquence didactique sur Dom Juan participe à l’esprit de la discipline Français, langue d’enseignement et littérature[19], car les différentes activités proposées, notamment l’écriture créative d’un poème, permettent de « stimuler l’imagination », alors que les comités d’analyse sur le mythe du Don Juan et du libertinage, à travers des extraits de films et d’œuvres littéraires, visent à « élargir les connaissances [des étudiants] dans les domaines littéraire et culturel. » En outre, l’exercice de la récitation d’un poème encourage aussi le développement des compétences nécessaires à une expression orale claire et soutenue. Par ailleurs, l’analyse thématique d’un réseau de textes en vue d’écrire un article d’anthologie participe au développement des capacités d’analyse et de synthèse essentielles au travail intellectuel. Finalement, l’analyse littéraire qui forme l’évaluation finale, à fois de la séquence et de la session, répond à l’une des visées de formation qui est de permettre à l’étudiant de développer les capacités d’analyse, de maîtriser les règles de base du discours et de mieux s’exprimer à l’écrit. L’enseignement de ce monument de la littérature française est aussi motivé par la volonté de présenter aux étudiants un mythe dont les répercussions se perçoivent dans les multiples adaptations de la figure dans les domaines littéraires, musicaux ou cinématographiques, en plus de les amener à analyser et actualiser le thème universel de l’hypocrisie.

 

 

Bibliographie

 

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DUMONT, F. (1968). Le lieu de l’homme. La culture comme distance et mémoire. Montréal : HMH, dans Simard, D. (2004). Une approche culturelle dans l’enseignement du français langue première. L’écho du RESEAU Laval, 4 (1), p. 13-15.

 

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MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION DU LOISIR ET DU SPORT, GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. (2001). Formation générale commune, propre et complémentaire aux programmes d’études conduisant au diplôme d’études collégiales, Québec : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

 

MOLIÈRE. (1665). Dom Juan. Paris : Flammarion (GF Édition avec dossier de 1998). 210 p.

 

SCALLON, G. (2004). L'évaluation des apprentissages dans une approche par compétences. Saint-Laurent, Qc. : Éditions du renouveau pédagogique Inc. 342 p.

 

SIMARD, C. (1996). Le choix des textes littéraires, une question idéologique. Québec français. no 100. p. 44-47.

 

RENÉ-JUTRAS, K. (2012). Dom Juan de Molière. Séquence didactique. Dans Portail pour l’enseignement de la littérature. Hiver 2012. http://www.portail-litterature.fse.ulaval.ca

 


 

Annexe I

 

Grille d’évaluation

1.         COMPRÉHENSION ET QUALITÉ DE L’ARGUMENTATION (20 points)

Insuffisant

Passable

Suffisant

Bon

Très bon

Excellent

C1. L’étudiant respecte les éléments du sujet de rédaction (chaque élément est mentionné et développé de manière explicite).

0

0.4

0.8

1.2

1.6

2

C2. L’étudiant choisit ses arguments de manière pertinente et suffisante. Ces derniers sont cohérents avec l’énoncé d’analyse.

0

0.6

1.2

1.8

2.4

3

C3.  L’étudiant étaye ses explications et ses justifications par des exemples pertinents, des citations précises, des connaissances littéraires.

0

0.6

1.2

1.8

2.4

3

C4. L’étudiant montre qu’il possède des connaissances littéraires formelles et générales.

0

0.6

1.2

1.8

2.4

3

C5. L’étudiant manifeste une excellente compréhension du texte littéraire : les principaux thèmes, procédés stylistiques, structures sont identifiés et leurs relations sont très bien expliquées.

0

1.4

2.8

4.2

5.6

7

 

STRUCTURE DU TEXTE (10 points)

Insuffisant

Passable

Suffisant

Bon

Très bon

Excellent

T1. L’étudiant compose un titre accrocheur et pertinent en fonction du sujet de dissertation.

0

0.2

0.4

0.6

0.8

1

T2.  Introduction : l’étudiant contextualise et présente le sujet efficacement, il présente l’énoncé d’analyse de manière explicite et annonce le plan.

0

0.4

0.8

1.2

1.6

2

T3. Développement : l’étudiant construit des paragraphes structurés et bien liés entre eux par des organisateurs textuels et des marqueurs de relation pertinents (liens logiques entre les idées).

0

1

2

3

4

5

T4. Conclusion : l’étudiant reprend les idées principales dans l’ordre du développement, reformule l’énoncé d’analyse et élabore une ouverture efficace et originale.

0

0.4

0.8

1.2

1.6

2

 

MAÎTRISE DE LA LANGUE 

(- 0.5% par faute)

L1. Cohérence textuelle : référent, système énonciatif, cohérence verbale (harmonisation des temps verbaux), absence de contradiction.

 

L2. Vocabulaire et combinatoire lexicale

 

L3. Syntaxe

 

L4. Ponctuation

 

L5. Orthographe

 

 

 



[1] Molière. (1665). Dom Juan. Paris : Flammarion (GF Édition avec dossier de 1998). p. 28.

[2] id.

[3] Simard, C. (1996). Le choix des textes littéraires, une question idéologique. Québec français. no 100. p. 46

[4] Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. (2011) Formation générale commune et complémentaire aux programmes d’études conduisant au diplôme d’études collégiales, Québec p. 6.

[5] id.

[6] Chartrand, Suzanne-G. (janvier 2013). Enseigner la révision-correction de texte du primaire au collégial. Dans Correspondance, volume 18, n°2.

[7] Duval, I. (2004). La poésie et l’enseignement du français. Québec français. no135. p. 44.

[8] Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. (2011) Formation générale commune et complémentaire aux programmes d’études conduisant au diplôme d’études collégiales, op. cit. p. 9.

[9] Dumont, F. (1968). Le lieu de l’homme. La culture comme distance et mémoire. Montréal : HMH, dans Simard, D. (2004). Une approche culturelle dans l’enseignement du français langue première. L’écho du RESEAU Laval, 4 (1), p. 13-15.

[10] Bouffard, Germain. (2014). L’apprentissage par les pairs. Dans Pédagogie collégiale, vol. 27, n°2. p. 29-33. http://www.aqpc.qc.ca

[11] Le Goff, F. (2011). Les malles du lecteur, ou la lecture en écrivant. Dans Mazauric, M., Fourtanier, M.-J. et Langlade, G. (2011). Textes de lecteurs en formation. (p. 219-229) Bruxelles : Peter Lang, p. 220.

[12] Lafontaire, L. (2013). Vivre des ateliers formatifs pour un réel enseignement de l’oral. Dans Les cahiers de l’AQPF. Spécial Congrès, p. 33-34.

[13] Nous nous inspirons d’une activité proposée dans une séquence didactique publiée sur le Portail pour l’enseignement de la littérature. René-Jutras, K. (2012). Dom Juan de Molière. Séquence didactique. Dans Portail pour l’enseignement de la littérature. Hiver 2012. http://www.portail-litterature.fse.ulaval.ca

[14] Scallon, G. (2004). L'évaluation des apprentissages dans une approche par compétences. Saint-Laurent, Qc. : Éditions du renouveau pédagogique Inc. p. 23.

[15] Ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport, Gouvernement du Québec. (2001). Formation générale commune, propre et complémentaire aux programmes d’études conduisant au diplôme d’études collégiales, op. cit., p. 9.

[16] id.

[17] id.

[18] id.

[19] Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. (2011) Formation générale commune et complémentaire aux programmes d’études conduisant au diplôme d’études collégiales, Québec p. 6. 


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