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L'écume des jours

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
L'écume des jours
VIAN, Boris
Par Marie-Josée Saindon et Stéphanie Vallières


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Roman
Courant : Surréalisme
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Marie-Josée Saindon et Stéphanie Vallières
Date du dépôt : Hiver 2005


Présentation et justification de la pertinence de l'œuvre choisie

L'écume des jours est une œuvre du début du XXe siècle qui s’inscrit dans le courant surréaliste. Cette œuvre imprégnée de jeux de mots et de liberté du langage évoque des images mentales hors de la réalité. Le roman laisse libre cours à l’imagination du lecteur tout en lui proposant des contraintes qui mélangent le réel et la fiction afin de créer de l’absurde. Plus le lecteur chemine dans cet univers surréaliste et plus il croit à l’histoire imaginaire créée par Vian. C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction qui contient une multitude de clins d’œil à d’autres arts de ce courant de l’après-guerre. Il sera également possible de faire de nombreux liens intertextuels avec différentes autres œuvres surréalistes. Malgré un vocabulaire riche, ce roman est accessible aux élèves du deuxième cycle du secondaire parce qu’il est à la fois comique et poignant, heureux et tragique, merveilleux et fantastique, féerique et déchirant. Le bonheur est une quête importante pour tous les personnages et est le pilier de l’histoire. Sur fond d’amour-passion et de musique jazz des Noirs américains, ce livre culte critique la société, le monde du travail, la superficialité et la religion. Dans cette oeuvre d'une modernité insolente, Boris Vian a exploré des thèmes encore aujourd’hui très actuels pour les jeunes de notre société.

Situation-problème

L'œuvre choisie offre une multitude de pistes d'analyse et de liens intertextuels qui permettent d’amener les élèves, à partir de ce qu’ils connaissent, vers des éléments culturels peu explorés jusqu’à présent. Le problème proposé est de faire découvrir aux élèves le monde de l’absurde en explorant le courant surréaliste. Cette découverte se fera non seulement avec Vian, mais aussi avec quelques-uns de ceux qui ont exploité ce courant : Breton, Éluard en poésie, Dali en peinture, Hitchcock au cinéma, Camus, Queneau, Ionesco et Kafka en littérature ainsi que Freud avec sa théorie de la psychanalyse. À la fin de la séquence, les élèves auront de meilleures connaissances sur le courant surréaliste, ce qui leur permettra de mieux comprendre le sens de l’œuvre de Vian. Ils auront aussi la possibilité de faire des liens avec des éléments de leur quotidien qui sont teintés d’absurdité.

Avant la lecture

Avant de commencer la lecture, il est important d’amener les élèves à se familiariser avec le courant de l’absurde. Avant même que les élèves se lancent dans l’exploration de l’absurde et du surréalisme, l’enseignant explique quelques concepts dominants tels que l’absurde, l’intertextualité, les néologismes, etc. Les élèves vont explorer différents textes et certaines peintures pour découvrir ce qu’est le surréalisme teinté d’absurde. Les élèves vont lire des extraits de textes d’Éluard, de Camus, d’Ionesco, de Calvino et de Breton. Avec ces textes, ils doivent tenter de voir l’absurdité dans les textes de ce courant littéraire. Certaines images sont également présentées avec les extraits, ce qui leur permet de vraiment bien saisir le mélange de rêve et de réalité que les artistes de ce courant veulent produire. Les élèves échangent ensuite leurs perceptions entre eux. L’enseignant explique ensuite aux élèves le contexte sociohistorique du début des années 1920. Il présente aux élèves la toile « Le navire» de Salvador Dali. Les élèves doivent prendre quelques minutes pour bien observer la peinture, car ils devront ensuite écrire un court paragraphe d’une dizaine de lignes en se mettant dans la peau du personnage. À la suite de la lecture des extraits et de l’explication du contexte sociohistorique et du surréalisme, l’enseignant propose des pistes de réflexion aux élèves afin de vérifier s’ils ont bien assimilé les notions présentées précédemment.

L’enseignant raconte dans quel contexte Vian a vécu sa vie en faisant des parallèles avec L’écume des jours parce que, comme l’œuvre, Vian n’était pas terre-à-terre. Un site Internet complet sur la vie et les œuvres de Boris Vian est disponible à l’adresse suivante : http://www.borisvian.fr/sommaire.php?to=ecumedesjours. L’enseignant peut aller consulter cette adresse pour pouvoir faire un compte rendu biographique sur Vian.

Pendant la lecture

Afin de bien orienter les élèves dans leur lecture, les deux premiers chapitres sont lus en grand groupe. Cet exercice de modelage a pour but d’orienter la lecture vers les pistes de réflexion mentionnées précédemment. L’enseignant veut montrer aux élèves ce qu’ils devront faire lors de tables rondes dans les cours suivants. Le lecteur doit être capable de voir que pour les personnages, la vie suit un cours normal. Il doit aussi prendre conscience que, si pour les personnages, les situations présentées sont « normales », pour le lecteur, il s’agit de situations peu communes, voire irréelles, d’où le concept d’absurde. L’enseignant, en guidant la lecture, réussit à amener les élèves vers ces bonnes pistes. De plus, dès le début, l’enseignant doit amener les élèves à dresser un bref portrait des personnages afin de faire ressortir l’absurde de leurs gestes et comportements. Vian emploie un vocabulaire qui lui est propre. Il invente plusieurs mots et donne de nouveaux sens à certains mots : calmande noisette, cuir de roussette, un bouquet de laitances de carpes, pianocktail, etc. L’enseignant désire que les élèves ressortent les mots ou expressions absurdes ou irréels. Ils doivent expliquer pourquoi les mots employés par Vian sont absurdes. Un cours par semaine est consacré à la discussion en table ronde sur les dix chapitres qui devaient être lus. L’activité en table ronde permet à l’enseignant de « vérifier la qualité de la lecture des élèves par le biais de leur participation aux discussions, par la profondeur de leurs questions ou les références qu’ils font au livre2. » L’enseignant lance la discussion en proposant aux élèves un thème particulier à discuter. Pour chaque table ronde, les élèves doivent approfondir le sens des images, la progression de l’histoire en cours, les allusions aux références (intertextualité) et la présence de néologismes, le tout dans le but de saisir le concept d’absurde.

Après la table ronde de la deuxième semaine, l’enseignant fait écrire un texte d’une page aux élèves. Ils doivent imaginer la suite du chapitre 24 où Chloé et Colin sont en direction de la destination de leur lune de miel, en suivant le courant absurde tel qu’exploité par Vian. Cette activité a pour but de vérifier la compréhension des élèves quant au concept d’absurde.

Après la lecture

L’enseignant questionne les élèves afin de savoir ce qu’ils ont compris de l’absurde, de l’idéologie de Vian et de la critique sociale. L’enseignant veut vérifier si ce qui a été présenté au fil des semaines a été acquis par les élèves et s’ils sont capables de vulgariser les notions vues dans les activités accomplies.

Devant le constat de l’échec de chacun des personnages, les élèves doivent discuter de ce qui arrive à Colin à la fin du récit parce que tout ce qui avait de l’importance dans sa vie n’existe plus (son ami Chick, sa femme Chloé, sa souris, etc.). Il est le seul personnage qui ne connaît pas de fin explicite, comme si Vian avait voulu nous laisser dans le doute quant à l’avenir de Colin. Les élèves doivent fournir des extraits pour appuyer leurs propos. Après avoir partagé leurs opinions sur la façon dont se termine le récit, les élèves doivent écrire un dernier chapitre en imaginant ce qui arrive à Colin. L’enseignant leur impose de respecter le style absurde de Vian. L’exercice proposé permet aux élèves de réinvestir leurs connaissances tout en mettant à profit leur imagination.

Conclusion

La présente séquence permet aux élèves de développer « des stratégies de lecture favorisant la réflexion de manière à ce qu’ils prélèvent les informations nécessaires à leur compréhension3. » L’enseignant commence la séquence d’apprentissage par des notions déjà connues des élèves, mais peu assimilées, pour ensuite leur faire découvrir de nouveaux éléments qui seront réinvestis dans une activité d’écriture et un débat.

Cette séquence didactique permet de jeter un nouveau souffle dans une classe de français. L’étude d’une œuvre littéraire telle que celle de Boris Vian a été choisie pour permettre aux jeunes de réaliser ce qu’est l’absurde afin de mieux l’associer à des connaissances culturelles et à leurs agissements quotidiens.

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1 AllPosters.fr  http://fr.allposters.com/gallery.asp?CID=ECE5C93503024F85B762164068663890&lang=2
2 Louise Chevrier (2003). « Développer le sentiment de compétence en lecture », Québec français, no 131, automne 2003, p. 42.
3 Guy Lusignan (1995), « La lecture stratégique au secondaire », Québec français, no 96, hiver 1995, p.29.


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