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Les Aurores montréales

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Les Aurores montréales
PROULX, Monique
Par Sarah Provencher


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Nouvelles
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Sarah Provencher
Date du dépôt : Automne 2004


LES OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE POURSUIVIS

Nous choisissons de construire notre situation-problème autour du recueil de nouvelles Les Aurores montréales de Monique Proulx, qui nous semble tout indiqué dans le cadre du cours Littérature québécoise (601-103-04), parce qu’il permet d’inciter les élèves à adopter un point de vue nuancé sur les grandes questions que pose la société québécoise contemporaine.

La situation-problème que nous proposons a pour but d’amener les élèves à comprendre la complexité de la représentation de Montréal dans Les Aurores montréales. Les problèmes qui sont soumis aux élèves servent à opacifier l’apparente facilité occasionnée par la simplicité du vocabulaire et la brièveté des nouvelles pour les inciter à analyser l’œuvre plus en profondeur. Ces problèmes sont au nombre de trois : le recueil de nouvelles comme une œuvre en soi, l’articulation du thème de la société multiculturelle avec la notion d’intertextualité et le réinvestissement de sa compréhension de l’œuvre dans la création d’une nouvelle.

LA SÉQUENCE DIDACTIQUE

Avant la lecture

Activité 1 : structure du recueil

Une étude de la structure d’un autre recueil de nouvelles, Maisons pour touristes de Bertrand Bergeron, qui est construit selon un principe différent de celui de Proulx (le triptyque) sert à orienter la lecture que les élèves feront des Aurores montréales. D’abord, les élèves analysent, en équipe, l’une des trois sections du recueil. Ils analysent une nouvelle chacun, selon une grille fournie par l’enseignant. Ils consignent des informations sur le temps des verbes, l’identité du narrateur, le lieu de l’action, les principaux thèmes, etc. Ils doivent aussi avancer une explication du titre de la nouvelle et du lien entre la nouvelle et le titre de la section. Ils tentent ensuite de répondre ensemble aux questions suivantes : « Y a-t-il un thème dominant et/ou des reprises ? Pourquoi ces nouvelles sont-elles réunies sous un même titre ? » Ensuite, un retour en grand groupe permet de dégager la progression en trois temps contenue dans le recueil de Bergeron. L’enseignant apporte finalement quelques précisions théoriques sur le triptyque.

Activité 2 : horizon d’attente

Une discussion informelle est organisée autour de la table des matières des Aurores montréales. Les questions de l’enseignant visent à mettre en relief les éléments structurant le recueil que sont les nouvelles en italique et la nouvelle éponyme. Cette activité sert à fournir des hypothèses de lecture dont les élèves auront à éprouver la justesse pendant et après la fréquentation de l’œuvre. Elle permet aussi aux élèves de se familiariser avec l’objet-livre : l’enseignant attire l’attention des élèves sur le mot « nouvelles » apparaissant sur la première de couverture du livre, ce qui entraîne une discussion sur les caractéristiques propres au genre, et sur le texte de quatrième de couverture, pour voir l’influence de ce texte critique1 sur l’horizon d’attente des élèves.

Pendant la lecture

Activité 3 : intertextualité

L’enseignant attire le regard des élèves sur les nouvelles dédiées à Ying Chen, Marco Micone et Dany Laferrière et discute avec eux de l’appartenance de ces auteurs à la littérature « migrante ». Les élèves comparent ensuite en équipes la nouvelle « Jaune et blanc » et la quatrième lettre des Lettres chinoises. L’enseignant suggère aux élèves ces questions : « D’où vient le narrateur et depuis combien de temps réside-t-il à Montréal ? Quel rapport entretient-il avec la langue française/avec la métropole ? » Un retour en grand groupe permet à l’enseignant de s’assurer que les élèves ont tous relevé le fait que ces textes présentent le choc culturel du nouvel arrivant et d’entreprendre une réflexion sur la représentation de la métropole dans le recueil. Les élèves comparent alors en équipes la nouvelle « Noir et blanc » aux chapitres 17 et 27 de Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer, ce qui les amène à voir une autre dimension de la réalité d’immigrant, celle des étrangers bien intégrés, puis la nouvelle « Rose et blanc » au tableau 9 de Gens du silence. Cette fois, le retour en grand groupe est l’occasion de voir avec les élèves comment la culture d’origine et la culture d’adoption des enfants d’immigrants entrent en conflit et d’amener les élèves à comparer les différentes facettes du regard de l’Autre sur leur société, ce qui devrait leur permettre d’élargir leur conception de la notion « littérature québécoise ».

Activité 4 : étude d’une section du recueil

D’abord, une discussion en grand groupe fait ressortir les impressions de lecture des élèves : Y a-t-il des points communs à toutes les nouvelles de la section, un fil conducteur, des effets de nuance, des effets de contradiction ? À ce moment de l’activité, toutes les hypothèses sont acceptées et les élèves sont invités à faire preuve d’audace. Le but est de laisser surgir les lectures personnelles des élèves pour ensuite les mettre à l’épreuve à l’aide d’outils d’analyse. C’est pourquoi les élèves vérifient ensuite, en équipe, la validité des différentes hypothèses de lecture. Enfin, l’enseignant s’assure que le thème des difficiles relations homme/femme (qui est central dans cette section) a été étudié par les élèves. Comme ce thème constitue une constante de la nouvelle québécoise contemporaine, les élèves découvrent d’autres manières de l’aborder en comparant les nouvelles de la section aux nouvelles Ceux qui attendent d’André Major et Croquis à l’échelle de Gilles Pellerin. Le but est de mettre en lumière les particularités de l’écriture de Proulx et de s’interroger sur le reflet de la société dans la littérature.

Après la lecture

Activité 5 : consolidation des acquis

Il s’agit d’un retour sur les hypothèses de lecture formulées au début de la séquence pendant lequel les élèves font, en équipe, une synthèse de leurs découvertes. Pour les guider, l’enseignant leur remet une série de questions : « Quelle explication du titre trouve-t-on dans la nouvelle éponyme ? Quelle est la particularité des nouvelles en italique et quel rôle jouent-elles dans le recueil ? Quels sont les thèmes récurrents, la représentation de la métropole ? » Un second moment de réflexion s’ouvre avec cette question : Proulx est-elle la seule Québécoise « de souche » à donner le droit de parole aux immigrants dans ses écrits ? L’enseignant présente aux élèves L’étranger de Pauline Julien, L’immigrée de Claude Dubois et La lingua sola de Gérald Godin, puis leur demande si le travail de ces auteurs s’inscrit dans le même sens que celui de Proulx.

Activité 6 : écriture créative

Les élèves témoignent de leur compréhension des enjeux des Aurores montréales en écrivant une nouvelle reprenant les caractéristiques des nouvelles en italique et pouvant s’ajouter au recueil. Les élèves participent à l’élaboration des critères de correction de cette création, dont voici un aperçu : modèle « couleur et blanc » pour le titre, nouvelle épistolaire, représentation de Montréal incluse, respect des caractéristiques du genre, expression d’un narrateur immigrant, nouvelle dédiée à un auteur de la littérature « migrante ». L’enseignant propose aux élèves un choix de textes d’auteurs issus de trois communautés culturelles, soit les communautés juive (« Mère perdue sur le World Wide Web » de Régine Robin), libanaise (la neuvième scène de Littoral de Wajdi Mouawad) et grecque (« Marika » de Pan Bouyoucas). Avant que les élèves entreprennent la rédaction, l’enseignant leur remet un guide d’écriture qui contient les caractéristiques de la nouvelle et les critères d’évaluation de la création. La première évaluation de la nouvelle, formative, est faite par les pairs. Elle prend la forme d’un séminaire en équipes de trois pendant lequel des commentaires oraux et écrits sont faits à l’élève. Cette manière de procéder donne l’occasion aux élèves de développer un regard métacognitif sur leur travail d’écriture (parce qu’ils devront justifier leurs choix aux autres).

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1 Il est à noter que nous utilisons l’édition dans la collection Boréal compact.

 

BIBLIOGRAPHIE

BERGERON, Bertrand, Maisons pour touristes, Québec, L’instant même, 1988, 133 p.

BOUYOUCAS, Pan, « Marika », dans Docteur Loukoum, Montréal, Éditions Trait d’union, 2000, p. 65-73.

CHEN, Ying, Les lettres chinoises, Montréal, Léméac, 1993, 171 p.

LAFERRIÈRE, Dany, Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer, Montréal, VLB Éditeur, 1985, 153 p.

MAJOR, André, « Ceux qui attendent », dans La folle d’Elvis, Montréal, Les Éditions du Boréal (Boréal compact), 1997, p. 45-55.

MICONE, Marco, Gens du silence, Montréal, Guernica, 1991, 64 p.

MOUAWAD, Wajdi, Littoral, Montréal, Léméac, 1999, 135 p.

PELLERIN, Gilles, « Croquis à l’échelle », dans XYZ. La revue de la nouvelle, no 13 (printemps 1988), p. 41-42.

PROULX, Monique, Les Aurores montréales, Montréal, Les Éditions du Boréal (Boréal compact), 1997, 239 p.

ROBIN, Régine, « Mère perdue sur le World Wide Web », dans L’immense fatigue des pierres, Montréal, XYZ éditeur, 1996, p. 83-104.


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